Un rapport sur l’explosion de Columbia critique la Nasa, nous dit Washington Reuters.
Dans un rapport publié mardi 27 août 2013, une commission indépendante affirme que les hésitations de la Nasa face à ses problèmes de sécurité, ainsi que son fonctionnement interne, sont en partie responsables de l’explosion de la navette Columbia le 1er février.
D’après la commission d’enquête sur l’accident de Columbia mise sur pied après la tragédie qui a causé la mort de sept astronautes, la Nasa doit mettre sur pied des agences de sécurité indépendantes qui auront le pouvoir d’intervenir auprès des hauts responsables de l’organisation lorsque les choses tournent mal.
La Commission note que des ingénieurs de la Nasa ont exprimé leurs inquiétudes, peu après le décollage de la navette le 16 janvier, à propos d’un bloc de mousse isolante qu’ils avaient vu tomber de l’appareil environ 81 secondes après le décollage.
A trois reprises, les ingénieurs ont demandé sans succès à voir des images satellite de la navette en orbite pour vérifier si le bloc de mousse avait endommagé le vaisseau.
En outre, les responsables de la Nasa ont laissé passer huit occasions de se pencher sur le problème du bloc de mousse qui s’est avéré, après examen, être la cause la plus probable de l’accident, souligne le rapport.
La commission dresse des parallèles avec l’explosion en 1986 de la navette Challenger, qui avait aussi entraîné la mort de sept astronautes.
« A la veille de l’accident de Columbia, on a assisté au retour à la Nasa de pratiques institutionnelles déjà existantes à l’époque de l’accident de Challenger, comme une préoccupation insuffisante quant aux déviations possibles de la performance prévue, un programme de sécurité en sommeil, et des emplois du temps surchargés », écrivent les auteurs.
Selon ces derniers, le bloc de mousse a frappé et endommagé un bouclier thermique de l’aile gauche entraînant une entrée de gaz brûlants à l’intérieur du vaisseau, puis l’explosion de la navette au-dessus de l’Etat du Texas.
La culture et la structure organisationnelle de la NASA remise en cause
« La culture et la structure organisationnelle de la Nasa sont tout aussi responsables de l’accident que le bloc de mousse », soutient le rapport de 248 pages qui a nécessité sept mois de travail et des investissements de l’ordre de 20 millions de dollars.
Les auteurs recommandent en outre des changements en profondeur dans les pratiques de l’Administration nationale aéronautique et spatiale (Nasa) notamment par la création d’une Autorité technique d’ingénierie financée par la Nasa pour surveiller la sécurité indépendamment des pressions internes des programmes spatiaux.
Après l’explosion de Columbia, la Nasa a immobilisé ses trois autres navettes qui ne quitteront pas le sol avant mars ou avril au plus tôt, d’après le dirigeant de la Nasa Sean O’Keefe et d’autres responsables de l’agence.
Ce temps d’arrêt demeure toutefois modeste en comparaison aux 32 mois qui se sont écoulés entre l’explosion de la navette Challenger en 1986 et les missions subséquentes de la Nasa.
Les trois navettes constituent une partie intégrante du programme de la Station spatiale internationale à laquelle participent 16 pays. Après l’explosion de Columbia, les équipes en orbite sont passées de trois à deux personnes et la Russie a pris le relais des activités de transport.
La commission a par ailleurs recommandé à la Nasa :
- De prendre des photos à haute définition du réservoir externe de carburant après sa séparation de la navette et de les rendre disponible au plus vite après le lancement.
- Déterminer, avant la reprise des vols, l’intégrité structurelle du matériau dont est fait le bouclier thermique, qui a été endommagé par le bloc de mousse.
- Obtenir des images en vol des navettes réalisées par des satellites espions ou d’autres sources.
Alors, la NASA a t-elle suivi ces recommandations ? Ce n’est pas la question. La question aujourd’hui est de savoir si la NASA a su se remettre en question et renouveler sa façon de se structurer et de concevoir les partenariats éventuels. Il semblerait que oui lorsqu’on s’informe sur la probabilité d’un voyage sur mars notamment.